Voilà
plus de trente ans que le S-23, vu pour la première fois en
1955 à Moscou lors d'un défilé et longtemps appelé canon-obusier
de 203 mm M-1955 par l'OTAN, domine les pièces automouvantes
et tractées des pays occidentaux grâce à sa portée supérieur.
il a fallu attendre la guerre du Kippour de 1973 et la capture
de quelques exemplaires de cette bouche à feu par les Israéliens
pour s'apercevoir qu'il s'agissait en fait d'un canon de 180
mm mis en service bien avant 1955 et dont l'appellation officielle
était le S-23. Dérivée semble-t-il d'une pièce de marine,
cette arme était déployée jusqu'à une dizaine d'années au
sein de l'ex Armée Rouge à raison de douze exemplaires par
brigade d'artillerie. Des informations ultérieures font état
d'une modification de l'organigramme des divisions d'artillerie
soviétiques, qui ne recevraient plus de S-23 et qui comprendraient
à présent un PC, un régiment antichars équipé de trente-six
canons T-12 ou T-12A, une brigade de quatre bataillons de
lance-roquettes BM-27 8 x 8 (soixante-douze lanceurs au total),
un bataillon d'acquisition de cible, une compagnie de transmissions,
une compagnie de transport motorisé, deux régiments armés
de canon de campagne M-46 de 130 mm (cent huit pièces au total)
et deux régiments dotés de canons-obusiers D-20 de 152 mm
ou du canon-obusier automoteur M-1973 2S1 de même calibre
(cent huit pièces au total). parmi les utilisateurs connus
du S-23 figurent, outre la Russie, l'Égypte, l'Inde et la
Syrie. Selon certaines sources, il conviendrait d'y ajouter
la Corée du Nord, Cuba, l'Ethiopie, la Libye, la Mongolie,
et la Somalie. Le tracteur utilisé normalement est le chenillé
lourd AT-T qui transporte également les servants de la pièce
(seize hommes) et une petite réserve de munitions. Le tube
du S-23 mesure 8,80 m de long. Il est doté d'un frein de bouche
du type " poivrier ", d'un dispositif absorbeur
de recul placé dans la partie inférieure et d'une culasse
à vis. En position de route et pour réduire l'encombrement
de l'attelage, la pièce est décalée vers l'arrière et verrouillée
à l'affût. Celui-ci est du type biflèche ouvrant en V. Il
porte deux roues de route garnies de pneumatiques et une roulette
jumelée en bout de prolonge. Le S-23 tire des projectiles
divers, OF-43 (HE à charge séparée pesant 84,090 kg pour une
vitesse initiale de 790 m/s), G-572 antifortifications (poids
97,700 kg), nucléaire tactique de 0,200 kt, HE à propulsion
additionnelle ( de conception plus récente cet obus doté d'une
vitesse initiale de 850 m/s, à une portée de 43 800 m, contre
30 400 au modèle normal). En raison du poids élevé des munitions,
la cadence de tir est relativement faible : 1 coup à la minute
en salve brève ou 1 coup toutes les deux minutes en feu soutenu.
Néanmoins, la puissance des projectiles compense la lenteur
du tir.
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