La
mise en oeuvre sur un véhicule blindé d’un canon-mortier présente
beaucoup d’avantages par rapport à l’usage d’un mortier tracté :
rapidité de mise en batterie et d’évacuation de la position
de tir pour éviter la contrebatterie, protection de l’équipage
contre la ferraille du champ de bataille, possibilité de servir
l’arme en ambiance NBC, facilité pour la pièce de suivre les
évolutions des blindés modernes puisque disposant d’une mobilité
comparative, etc. Déjà amorcée avec la mise en service du
2S9 (apparu en 1985 mais entré en service en 1981), équipant
les unités aéroportés, d’assaut par air et certaines unités
d’infanterie navale) qui fut utilisé notamment lors des opérations
en Afghanistan, l’adoption par l’armée russe d’un véhicule
de ce type se trouve confirmée avec l’arrivée en unité opérationnelle
des automoteurs 2S23. Ces derniers se présentent comme l’adaptation
d’une tourelle du 2S9 modernisée au châssis du BTR-80 . Appartenant
à la famille de mortiers Nona (Nona-S pour le 2S9, Nona-K
pour le 2B16 et Nona-SVK pour le 2S23), l’arme principale
est logée dans dans une tourelle ayant un débattement vertical
allant de – 4° à + 80°, sa longueur est de 2,9 m. Cependant,
ayant été conçue avec une arme rayée, elle ne peut utiliser
les mêmes munitions que le mortier 2B11. Ce qui a obligé à
concevoir séparément une nouvelle famille de munitions spécifiques,
décision préjudiciable à la standardisation et, donc, posant
des problèmes de logistique accrus. En sus des trois catégories
de munitions tirées, le 2S23 pourrait utiliser un projectile
à guidage laser analogue au Gran, munition prévue pour être
employée avec les mortiers à chargement par la bouche. Cet
obus, d’un calibre de 120 mm, est équipé d’une tête HE-FRAG
(High Explosive-Fragment) de 11 kg emportant 5,1 kg d’explosif
à une portée maximale de 7 500 m. Les capacités d’orientation
de la tourelle en site sont d’après certaines source de 360°
ou 35° de part et d’autre de l’axe du véhicule. A l’instar
de la majorité des pièces d’artillerie russes principalement
conçue pour le tir d’appui indirect (par exemple 122 Dp30
ou 130 M-46), l’arme principale du 2S23 a une capacité de
tir direct (portée de 500 mètres pour une perforation de 600
mm de blindage homogène), notamment afin de pouvoir, lors
de certaines situations tactiques, être utilisée comme moyen
antichar. Deux viseurs matérialisent cette dualité d’emploi :
celui correspondant au tir direct étant logé immédiatement
à gauche de l’arme principale, tandis que celui utilisé pour
le tir d’appui indirect, différent du viseur monté sur le
2S9, est reporté à l’avant gauche du toit de la tourelle.
Celle-ci supporte également deux bancs triples de lance-charges
à mise à feu électrique pouvant tir des pots fumigènes mais
également des charges explosives pour l’autodéfense à courte
distance. Il faut remarquer que ces dispositifs n’existaient
pas sur le 2S9. une mitrailleuse de 7,62 mm montée en superstructure
fournit un moyen antiaérien rudimentaire, également utilisable
contre les cibles terrestres peu protégées. Différence notable
avec la tourelle du 2S9 : la présence d’un tourelleau
située à l’arrière gauche et servant l’arme automatique ;
il supporte également un phare infrarouge. Enfin la tourelle
du 2S23 est munie d’épiscopes de vision directe, la vision
nocturne étant possible par l’intermédiaire de dispositifs
peu connus. Le châssis du 2S23 est basé sur celui du BTR-80
très facilement reconnaissable aux pots d’échappement horizontaux.
Il présente cependant quelques différences d’avec celui-ci,
principalement l’absence de tapes permettant le tir avec les
armes personnelles des fantassins embarqués, mais aussi les
plus faibles dimensions des portes de débarquement latérales
probablement réduites à un rôle de sortie en cas d’urgence.
Bien entendu, le 2S23 conserve ses capacités de franchissement
amphibies du BTR-80, la propulsion étant assurée dans ce cas
par un hydrojet unique. Le pilote est logé à l’avant gauche
avec le chef d’engin à sa droite. Le blindage, formé de plaques
en acier soudé, est suffisamment épais pour résister de face
à un impact direct de balle perforante de 12,7 mm tirée à
1 000 m, tandis que les côtés sont à l’épreuve des coups perforants
de 7,62 mm. La tourelle et le panier de la tourelle, comprenant
le logement pour les munitions principales, sont situés à
l’aplomb du deuxième essieu tandis que le compartiment moteur,
logé à l’arrière, est doté d’un dispositif automatique d’extinction
d’incendie et d’un préchauffage destiné à faciliter le démarrage
du groupe motopropulseur. Ainsi qu’il a été observé lors d’une
exposition d’armement à Ninji-Novgorod, le véhicule peut être
entièrement recouvert d’un modèle de bâche spécial réduisant
la signature thermique. Le 2S23 est utilisable en ambiance
NBC et possède en outre un système de réglage de la pression
des pneus à partir de l’intérieur du véhicule. Par rapport
au 2S9, cet automoteur à une meilleur mobilité stratégique
due à son à son train de roulement à roues. Le 2S23 est destiné
à remplacer les mortiers 120 M1943, 2B11 et 2S12 dans les
unités de fusiliers motorisés. Selon des sources proches de
l’armée Ruse, les premiers exemplaires du véhicule ont été
livrés en 1990. Quelques exemplaires pourraient être en service
dans les unités d’infanterie navale en remplacement du 2S9.
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